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Se remettre en question et proposer des solutions, une bonne base

Les Jardins de Scailmont, à Manage, accueillent depuis un quart de siècle des personnes âgées présentant des troubles cognitifs. Le maître mot de l’établissement, c’est le respect d’une autonomie et d’une liberté maximales, situe Brieuc Collard, ergothérapeute de formation et responsable paramédical, qui y exerce depuis 16 ans. C’est aussi, poursuit-il, savoir se montrer ouvert aux nouvelles approches. Ainsi, adapter l’environnement et mettre à la disposition des habitants de quoi s’occuper par eux-mêmes dans le grand espace de vie du rez-de-chaussée fait partie des recettes éprouvées par la MR(S). L’encadrement est là, bienveillant mais non envahissant, pour intervenir au besoin.

Dans cette institution rodée aux approches Senior Montessori et Humanitude, on adhère à la perspective de donner du pouvoir de décision à ceux qui y vivent, comme Tubbe le prévoit. L’application du modèle est, comme dans bien d’autres MR(S), freinée par la crise sanitaire. Les premières réunions d’information Tubbe ont été postposées. Mais Brieuc Collard ne doute pas de la réceptivité future de ses collègues. « Nos collaborateurs ont appris à se remettre en question, on y a travaillé. Ils savent qu’ici, on pose un cadre puis on s’efforce d’y créer une liberté maximale. Il faut savoir donner de l’autonomie au personnel pour pouvoir tendre à l’autonomie des habitants. Les employés sont habitués à donner leur avis, à proposer des solutions. Avec le coaching Tubbe, on espère bien renforcer encore cette approche. »

Tubbe devrait aussi conforter, d’après lui, les efforts déjà consentis pour décloisonner les équipes, corriger la méconnaissance qu’elles ont de leur job respectif, lisser les éventuels tiraillements.            « Chaque métier a ses spécificités, mais j’ai pour habitude de dire que toute interaction avec un habitant, y compris un acte comme une toilette, est une activité et qu’à ce titre, tout le monde est un animateur. » Tout comme Notre-Dame De Stockel, l’institution hennuyère met déjà à l’honneur les talents individuels de ses travailleurs, comme ceux d’une employée de la buanderie à même de remplacer la coiffeuse au pied levé et d’un cuisinier qui donne de la voix pour animer les anniversaires. Une façon, en sortant les gens de leur fonction théorique, d’augmenter leur bien-être professionnel.

En attendant de pouvoir s’atteler activement à l’approche Tubbe, Les Jardins de Scailmont s’emploient à concilier les restrictions dictées par l’épidémie et leur credo de liberté. Les habitants sont par exemple invités à s’exprimer au sein du comité de sécurité qui se penche sur les mesures éponymes. « On a réfléchi à des rôles sociaux à leur confier au cœur de la crise. Ainsi, quand on a réouvert à l’issue de la première vague, des habitants prenaient la température des visiteurs et distribuaient des masques. Un rôle qui contribuait à leur faire bien comprendre la situation extérieure et les enjeux », développe Brieuc Collard. Et qu’ils remplissaient avec zèle, comme l’ont appris quelques médecins traitants étonnés de se faire filtrer à l’entrée.