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‘Galvaniser les énergies autour d’un project partagé’ – L’exemple de Notre-Dame de Stockel

Notre-Dame de Stockel à Woluwe-Saint-Pierre accueille 88 résidents. La maison de repos et de soins participe à l’expérience Tubbe avec un « projet de vie » qui concilie liberté individuelle et sentiment de communauté, à la fois chez le personnel et chez les résidents. Tandis que le personnel applique déjà le principe des soins axés sur le relationnel, la direction a estimé intéressant de laisser certaines décisions relatives à l’organisation de la vie en communauté aux seniors et d’instaurer (ou d’intensifier) des activités qui ont du sens.

Comme dans bien d’autres établissements belges, le coronavirus s’est invité. Il a charrié selon les vagues son lot de dégâts sur la santé soit physique soit mentale des résidents de Notre-Dame de Stockel, expliquent Pascale De Koster, la directrice de l’établissement, et Halima Lazraq et Anne De Witte, qui y sont respectivement assistante de direction et logopède. Et a mis en veilleuse le processus d’instauration de Tubbe.

Celui-ci avait été amorcé, juste avant les premiers assauts du SARS-Cov-2, par plusieurs séances avec des groupes panachés de collaborateurs, mêlant tous les services et métiers de la maison. Des séances où la parole se libérait en des visions plurielles de ce que devait être ‘LA maison de repos idéale’, chaleureuse et génératrice de bien-être. Un exercice d’autant plus riche, d’après nos interlocutrices, que les idées pouvaient fuser librement, mâtinées de touches personnelles et transcendées par le rapprochement de collègues qui ne se fréquentent pas habituellement.

La crise a coupé ce bel élan, on l’a dit, mais le trio ne doute pas que le cheminement reprendra dès que la situation le permettra. Parce qu’à Notre-Dame de Stockel, il y a un terreau favorable, estiment Pascale De Koster, Halima Lazraq et Anne De Witte. « A vrai dire, sans appeler cela des ‘réalisations Tubbe’, on organisait déjà des choses qui correspondent au modèle et à sa philosophie. Tubbe permettra de les poursuivre et d’en imaginer d’autres. C’est un fil rouge qui va rassembler travailleurs comme habitants autour d’un but commun. Car dans Tubbe, tout le monde se sent concerné. A la différence de certaines méthodes ou écoles qui se centrent sur les résidents, Tubbe englobe le personnel, le fait de participer, et cette inclusion peut accroitre le plaisir à exercer son métier. »

Déjà de l’inspiration

A quelles ‘réalisations Tubbe’ avant l’heure nos interlocutrices songent-elles ? Les petits et grands exemples ne manquent pas. C’est la collègue infirmière férue de danse et de chant qui égaie le repas du mercredi midi d’une petite prestation, au point d’exercer un effet d’entrainement sur des collègues. C’est le petit déjeuner repensé pour créer une ambiance très ‘comme chez soi’, où l’on maximise les possibilités pour les résidents de faire des choses et des choix par eux-mêmes (presser un jus, préparer ses tartines, choisir la garniture…). C’est l’instauration d’un ‘comité d’accueil’ des résidents qui a retravaillé le carnet spécial distribué aux nouveaux arrivants pour amortir le changement. C’est le coin papote aménagé à l’intérieur sur proposition d’une résidente, pour compenser le fait que l’hiver empêche les causettes d’après-midi au jardin. C’est la nomination de référents d’étage par lesquels transitent les questions et attentes des personnes âgées. C’est la conception mensuelle de l’Ecritoire, journal interne diffusé en chambre – et bientôt édité en ligné – reflétant la vie de la maison. C’est, dans le contexte Covid, le nécessaire engagement d’un renfort pour ne pas se laisser déborder par l’organisation des visites sur rendez-vous, engagement qui a pu être mené en un temps record grâce au carnet d’adresses d’une résidente.

Pascale De Koster, Halima Lazraq et Anne De Witte ont hâte de pouvoir réveiller ce terreau favorable, avec une attente vis-à-vis de Tubbe: que tout le monde dans la maison s’approprie l’état d’esprit participatif du modèle. « Et que tout le monde se sente bien à Notre-Dame De Stockel. On vient travailler avec plus de plaisir si on met en place des choses qui ont du sens, tant pour nous que pour les résidents. »

Exploiter les talents cachés

A Notre-Dame De Stockel, et a fortiori avec l’application imminente de Tubbe, un collaborateur n’est pas réduit au rôle strict que définit sa fonction. « Comme partout, il y a face à de nouveaux projets des gens qui sont du genre ‘locomotive’ et d’autres plutôt ‘wagon’. C’est inhérent à la personnalité de chacun. Chez nous, en tout cas, on essaie de dépasser les catégorisations dans le personnel. Durant le confinement, une aide-soignante qui a également des compétences d’esthéticienne, a improvisé un petit salon avec de la musique zen, où elle assurait coiffure, manucure, pédicure… , ce qui a rencontré un grand succès. » Mettre à profit les qualités et talents individuels, cela fait sortir les gens de leur rôle premier, strict, dicté par leur étiquette professionnelle. « Cela peut créer un cercle vertueux : les collègues voient que l’initiative est pertinente, il y a une émulation, eux aussi viennent avec des propositions… »