Sabine, Vincenta et Jessica à la Résidence d’Arquenne
« Si c’était à refaire, je ferais tout pareil. »
Je me trouve face à la résidence d’Arquenne, son sapin illuminé et les nombreuses décorations me ramènent à mon enfance.
Sabine m’accueille, elle a le sourire dans les yeux. Une odeur de vin chaud et de galette parfume la maison de repos…
Sabine, Responsable
Pour Sabine, TUBBE est avant tout une démarche intuitive, c’est s’adapter en fonction du moment, de la personne, ça ne se programme pas. « C’est un mode de fonctionnement, un mode de vie… Il faut pouvoir être prêt à changer son mode de pensée, il faut pouvoir faire passer la participation et les habitants avant les soins, qui sont bien évidemment indispensables mais la première chose à faire c’est l’écoute. C’est quotidiennement donner de l’importance aux résidents. »
« Certains membres de l’équipe qui ne font pas partie du comité de pilotage ne sont pas encore à cent pour-cent dans la démarche TUBBE mais c’est quelque chose qui évolue au quotidien, il y a des personnes très motivées au départ qui finalement ne participent pas à la démarche mais tout le monde se rend compte quand même de l’évolution. »
A la résidence d’Arquenne, on ne prévoit pas d’activités obligatoires, chacun participe à ce qui les intéresse. Sabine me confie que les activités se font alors de manière plus naturelle, à la demande des habitants selon leurs envies. « Ils viennent nous voir et nous demandent : J’ai envie de jouer un loto, de faire de la pâtisserie, de m’occuper des animaux, … On essaie alors de s’adapter à la demande, la flexibilité est importante dans une maison de vie. »
Anecdote : Un habitant voulait faire un potager, il disait « J’aimerais bien planter des tomates, je me suis toujours occupé d’un potager. » Sabine a alors fait le nécessaire pour pouvoir répondre à la demande du résident. Une fois que celui-ci a quitté la maison, plus personne n’était intéressé par le potager. La responsable se disait que ce n’était pas grave, que quelqu’un d’autre finirait par en faire quelque chose. Finalement celui-ci a servi à mettre des fleurs pour une autre résidente. Une dame qui a toujours eu des rosiers chez elle et qui est arrivée avec le sien. Sabine termine son anecdote avec cette phrase qui résonne encore dans ma tête : « Elle nous a quittées mais les roses sont là… Et on pense toujours à elle.» Tubbe c’est une maison de vie mais aussi une maison de famille où l’on pense encore à ceux qui ne sont plus là.
Vincenta, Habitante
Je rencontre Vincenta, habitante depuis 7 ans dans cette maison. Elle m’accueille dans sa chambre, décorée elle aussi dans l’esprit de Noël. Elle me montre ses dessins et évoque son quotidien dans la maison.
Elle me confie voir une grande différence depuis quelque temps au niveau des activités, cela l’enchante : « Avant ce n’était pas comme ça, je n’avais pas grand-chose à faire mais maintenant nous avons tous les jours la possibilité de faire quelque chose, c’est super ! … J’aime m’occuper, ici je participe à presque toutes les activités, j’ai préparé avec d’autres personnes les galettes en bas, d’ailleurs ils m’appellent souvent pour les aider… J’aime connaître les gens et leur parler, ici j’ai beaucoup de contact, avec les soignants et les résidents, je me sens rarement seule… »
Elle évoque avec bienveillance son rapport avec le personnel : « Ils sont très serviables, très gentils. Parfois c’est un peu plus difficile mais je sais que tout le monde a ses problèmes, le personnel aussi en a, ce n’est pas toujours facile comme métier et il faut respecter la vie de chacun, on se comprend.»
« Ce que j’aime c’est que je me sens chez moi ici, j’ai ma chambre, mes amis, mes activités. »
Jessica, accompagnatrice de la vie journalière
J’entends Jessica rire à plusieurs reprises durant la journée avec les habitants. Elle les accompagne dans leurs quotidiens, leurs activités, le moment du repas, …
Nous prenons un moment pour discuter ensemble de TUBBE et de son fonctionnement : « Au départ on a l’impression que ça ne fonctionnera jamais… Et finalement il y a toujours moyen… On se rend compte qu’on ne perd pas spécialement du temps mais que notre journée se fait différemment… Je pense que c’est souvent le personnel qui se met une pression d’horaire et qu’il faut laisser de la flexibilité. »
« TUBBE c’est retrouver une plus grande motivation à travailler et y gagner en qualité de vie… »
Pour Jessica, la priorité c’est que l’habitant se sente chez lui, qu’il n’y ait pas de cadre institutionnel… « Parfois il n’y a que deux ou trois personnes pour une animation sur les quarante résidents, mais ce n’est pas grave… C’est qu’ils n’avaient pas spécialement envie de faire quelque chose ce jour-là, ou de voir du monde. On n’est pas là pour les forcer, ils sont chez eux. Quand on est à la maison si on n’a pas envie de sortir on ne sort pas, et c’est ce qu’on essaie de respecter avec eux ici. »
Elle ajoute : « Il y a beaucoup plus de va-et-vient au sein de la maison depuis le lancement TUBBE. Avant, les habitants restaient plus dans leur chambre, aujourd’hui ils se retrouvent dans la salle à manger pour discuter, ils s’entraident. Par exemple, une des résidentes a du mal à se coiffer, c’est une autre résidente qui la coiffe chaque jour, elle ne demande pas l’aide de soignant ou de personnel pour le faire, elle sait que sa voisine va venir l’aider. »
« Si c’était à refaire, je ferais tout pareil. »